Archipelago: Architectures for the Multiverse, Mai 6-8, Genève /

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Archipelago Team
BRUITS ÉTRANGES DE L’INTÉRIEUR
05.04.2021

Trojans Collective est un studio de design interdisciplinaire basé à Genève dont les travaux englobent l’installation spatiale, la communication graphique et le cinéma. Le collectif est le résultat d’une collaboration entre Jeanne Pasquet, Netillo Rojas, Jessica-Maria Nassif et Helena Bosch Vidal. Nous avons parlé avec Jessica-Maria et Helena qui nous ont expliqué comment les membres du groupe se sont rencontrés alors qu’ils et elles poursuivaient un Master en espace et communication à la HEAD – Genève. En plus de fournir une source d’échange riche, leur programme, qui se situe en dehors des catégorisations disciplinaires traditionnelles, leur a ensuite permis de poser les bases de Trojans. Les membres du collectif ont entamé leur collaboration dès la fin de leurs études, comme une façon de se soutenir mutuellement tout en cherchant à trouver un moyen de rester à Genève. À cette époque, il n’existait aucune structure pour les aider à préserver les liens qui les unissaient aux autres étudiants de leur volée. Face à cette situation insatisfaisante, ils ont néanmoins fait preuve d’optimisme en cherchant des possibilités de se regrouper afin de cultiver une compréhension de la pratique du design en dehors des paramètres de la discipline.

En amont d’Archipelago, nous avons invité Trojans Collective à élaborer un atelier de cinq jours pendant « La semaine de tous les possibles », une semaine de programmation expérimentale qui a lieu chaque année à la HEAD. Compte tenu de leur intérêt pour la collectivité et la performance, nous leur avons demandé de concevoir une station de radio mobile qui pourrait atteindre tous les quartiers de la ville. Trojans s’est emparé de cette idée et l’a retournée dans tous les sens, créant l’opportunité d’une série de projets sonores avec des étudiants qui ont creusé au cœur des récits cachés et de l’histoire de la ville pour ensuite les diffuser vers l’extérieur.

Pensé comme une plate-forme ouverte, afin que les étudiant-e-s de tous les départements et de toutes les volées puissent y participer, l’atelier visait à considérer non seulement les qualités expérientielles de la radiodiffusion (suscitant des questions sur la présence physique du son), mais aussi d’insister sur des éléments légers et facilement transportables. Les étudiant-e-s ont commencé par participer à une des quatre visites scénarisées par Trojans autour d’une thématique spécifique à travers la ville de Genève. L’idée était d’utiliser la marche comme un moyen de stimuler la réflexion et comme méthode pour littéralement guider les étudiant-e-s à travers le terrain intellectuel et physique de chaque projet. En outre, les visites étaient enrichies par la participation d’experts genevois. Pendant quelques heures, des étudiant-e-s issus d’horizons divers, allant de l’architecture au design de bijoux, utilisaient ainsi leurs compétences créatives pour réfléchir aux idées qu’ils et elles rencontraient et pour les documenter en vue des installations qu’ils et elles développeraient plus tard.

En fin de compte, les projets finaux étaient expérientiels et reflétaient les intérêts polyvalents des étudiants.

HEAD © AliciaDubuis

Porté par la rivière a été conçu comme une étude du Rhône et de la relation personnelle, légale et poétique que le fleuve entretient avec les résidents de Genève. Les étudiant-e-s se sont efforcé-e-s de transmettre sa présence matérielle par la notion de réflexion, en construisant un ensemble de plateformes entre lesquelles se trouvait une passerelle en miroir. La réflectivité était associée à l’expérience de l’humidité, les spectateurs étant invités à marcher pieds nus le long du miroir. La simulation physique du Rhône était complétée par des sons subaquatiques, recréant le paysage sonore du fleuve.

HEAD © AliciaDubuis

Genève : ville souterraine jouait avec l’anticipation de la catastrophe, telle qu’elle se manifeste dans les abris en béton que l’on trouve à travers la ville. Les étudiant-e-s en ont visité un, toujours vide, ainsi que L’Abri, un bunker réhabilité transformé en centre culturel. Leur point de départ était la sirène qui, à Genève, est testée à travers la ville chaque premier mercredi de février. L’intervention des étudiant-e-s a pris la forme d’une répétition en cas de catastrophe, signalée par une nouvelle alarme, qui cherchait à recréer l’expérience du passage d’un espace public exposé à la sécurité.

HEAD © AliciaDubuis

Ils sont parmi nous s’est appuyé sur des récits de surveillance à Genève, postulant une société invisible cachée derrière la couche superficielle de la ville. Les étudiant-e-s se sont en grande partie concentré-e-s sur le bâtiment au Quai du Seujet 16, qui a autrefois abrité Edward Snowden. Sur place, ils et elles ont été frustré-e-s par le niveau de sécurité, qui a été augmenté jusqu’à paraître absurde. En réponse, leur projet a cherché à créer un récit alternatif où le bâtiment lui-même devient l’objet d’un examen minutieux. À l’aide « d’outils » achetés au bazar, ils et elles sont retourné-e-s sonder le bâtiment et découvrir ce qu’il cachait, au grand dam de l’agent de sécurité en service.

HEAD © AliciaDubuis

Statues, identité et mise en scène a questionné les monuments et leur rôle dans la représentation et la définition de l’espace public. Les étudiant-e-s ont visité la Place de Neuve, Plainpalais et la vieille ville de Genève pour examiner l’impact des monuments sur leur expérience de chaque espace. La plupart ont estimé que les statues imposantes de la noblesse genevoise, toujours masculines, ne leur apportaient rien. Pour contester leur présence, les étudiant-e-s ont construit une sorte d’anti-monument, une série de boîtes noires suspendues qui diffusaient des histoires et des impressions préenregistrées de résidents locaux. Il était possible d’écrire sur les boîtes qui contenaient les haut-parleurs afin de recueillir des contributions supplémentaires de la part des passants. Grâce à cette intervention, un témoignage intime a commencé à émerger, issu d’une plate-forme de communication informelle entre les visiteurs.

La notion de dissimulation et d’infiltration a imprégné tout ce travail, comme un moyen d’inspecter et de s’approprier un état existant pour des usages alternatifs. Il y avait une résonance avec certains aspects de la conceptualisation propre au collectif qui utilise la métaphore du cheval de Troie pour évoquer l’entrée dans un espace en secret, afin de développer une idée de design personnelle sous l’apparence de quelque chose d’autre, qu’il s’agisse d’une affiche, d’un film ou d’un événement. Dans ce cas précis, le son, un signal déformé et décalé par les différentes couches qu’il traverse, s’est avéré un matériau efficace pour entamer une exploration avec les étudiant-e-es de la HEAD. Trojans Collective poursuivront une version de ce travail dans le cadre du programme d’Archipelago. Nous attendons avec impatience, les oreilles à l’aguet, d’en savoir plus.

Atelier
Trojans Collective

Étudiant-e-s
Mathis Baltisberger, Amalia Chraïti, Yannick de Kalbermatten, Toscane Donzé, Juliette Gaultier, Claire Guignet, Blinera Haliti, Nessim Kaufmann, Lajci Aurora, Elise Le Page, Hsuan Lee, Aurore Mesot, Estelle Quarino, Pauline Riegler, Martin Zambaz

Cover Image: HEAD © AliciaDubuis