Archipelago: Architectures for the Multiverse, Mai 6-8, Genève /

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Archipelago Team
Borrowers
13.05.2021

Alors que le rideau tombait sur Archipelago, nous avons pris un moment pour contempler le travail accompli dans le but de mener à bien cet événement, dont la diffusion et les ateliers ont représenté l’aboutissement de plus de deux ans de planification et de conversations avec les étudiant-e-s et les professeur-e-s de la HEPIA et de la HEAD. Nous nous sommes entretenus avec Emma-Julia Fuller, Romain Legros et Alice Proux, designers et membres de la faculté de la HEAD et de la HEPIA, qui ont guidé le design scénographique d’Archipelago dès les prémisses de l’événement. Ancienne élève de la HEAD, spécialisée en architecture holistique (elle travaille en étroite collaboration avec ses clients depuis la sélection initiale d’un site jusqu’à la curation des œuvres d’art avant l’emménagement), Emma-Julia Fuller est à présent architecte et décoratrice d’intérieur. Romain Legros, quant à lui, est architecte paysagiste et a obtenu son diplôme en beaux-arts à la HEAD. Il partage son temps entre l’enseignement à Genève et à Lausanne et la gestion de son propre cabinet d’architecture paysagère. Enfin, Alice Proux est une designer qui enseigne à la HEAD (diplômée du programme d’architecture intérieure, tout comme Emma-Julia Fuller) et travaille sur ses propres projets à Genève.

La scénographie – l’écrin physique d’Archipelago – s’est tout d’abord construite sur une série d’ateliers interdisciplinaires destinés aux étudiant-e-s de la HEAD et de la HEPIA, à cheval entre le design d’intérieur et l’installation paysagère et architecturale. À l’époque, fin 2019, Archipelago se profilait encore comme un événement en présentiel, avec des débats et des constructions jalonnées le long des berges à Genève. Toutes les idées de designs scénographiques liés à l’événement ont germé dans le travail en atelier des étudiant-e-s lors desquels ils et elles ont cherché à identifier les sites à Genève qui pourraient le mieux attirer le public et amplifier la thématique de chaque conversation. Les étudiant-e-s ont également exploré des matières premières et posé la question de savoir quels éléments scénographiques pourraient être réutilisés ou recyclés après l’événement. Cet aspect était fondamental pour la méthodologie pédagogique d’Emma-Julia Fuller, de Romain Legros et d’Alice Proux au sein de chaque atelier : il fallait que les étudiant-e-s puissent plonger tête baissée dans la fabrication à grande échelle dès que possible et que les approches pratiques aient le même poids que les explorations théoriques et conceptuelles.

L’arrivée de la pandémie a modifié la portée du projet et l’a recentré sur le développement d’un décor intérieur qui pourrait accueillir des conversations mixtes entre des participants en présentiel et en ligne. Bien que la réalisation complète d’un archipel physique soit devenue impossible, une grande partie du travail conceptuel effectué par les étudiant-e-s et les professeur-e-s est néanmoins visible dans le produit final, comme la notion de réutilisation, qui est restée centrale. Lors d’un des derniers ateliers, les étudiant-e-s ont réfléchi aux déchets excessifs que de tels événements pouvaient générer et ont décidé que le caractère éphémère d’Archipelago devait transparaître dans leur approche de la présentation et de la mise en scène. Seuls des matériaux locaux ont donc été pris en compte : les rondins, les rochers et les palettes qui composent la scénographie provenaient d’une zone géographique limitée, soit directement de sources dans la ville de Genève, soit de lieux plus éloignés sur les rives du lac Léman.

HEAD © Michel Giesbrecht

L’effet combiné formait un paysage qui semblait encore en train de naître. En entrant dans Le Cube, on découvrait un assemblage libre de gros rochers, de tas de pierres et de piles de bois disposés de manière brutalement directe. Il n’y avait pas de repères faciles ou évidents et les participant-e-s se trouvaient donc momentanément déstabilisé-e-s, cherchant leur place en se déplaçant dans l’ensemble plutôt qu’en étant guidé-e-s vers une configuration particulière.

Il était essentiel que le caractère brut des matériaux reste intact. Comme l’ont expliqué les designers, l’idée était de s’abstenir volontairement de modifier ou de dénaturer les matériaux de la scénographie afin de préserver leur utilité après l’événement. De cette façon, le concept scénographique pourrait être considéré comme une sorte d’emprunt – retirer temporairement des matériaux de leurs cycles « normaux », les utiliser pour un événement puis les « restituer » une fois celui-ci terminé. Finalement, la majeure partie du budget de construction a été consacré au déplacement de ces matériaux dans Le Cube plutôt qu’à leur acquisition. Il semble approprié que les pièces du plateau d’Archipelago aient finalement été rendues au patrimoine bâti de Genève – les trois jours de diffusion d’Archipelago ne représentaient, après tout, qu’un instant dans leur existence.

Le design de la scénographie a également été un projet profondément collaboratif impliquant de nombreux acteurs et de nombreuses méthodes de travail. Les étudiant-e-s ont eu la possibilité de visiter la carrière d’où sont extraits les graviers et de voir le terrain sur lequel le bois est séché et stocké, entre autres excursions. Ramenés à la HEAD, ces matériaux ont soulevé des questions de physique : à l’aide de modèles réduits et de maquettes à l’échelle 1:1, les étudiant-e-s ont réfléchi aux effets pratiques de l’aménagement. Comment répartir le poids du gravier de manière homogène sur le sol ? Le design scénographique a impliqué de nombreux détails pragmatiques de ce type ou, comme l’a mentionné Romain Legros, de nombreuses confrontations entre médium et matière qui ont permis aux étudiants d’avoir un aperçu des frictions découlant de la transcription de la matière d’un plan virtuel à un site réel.

En fin de compte, Emma-Julia Fuller, Romain Legros et Alice Proux s’accordent à dire que les meilleurs moments d’apprentissage pour les étudiant-e-s ont été les discussions avec les propriétaires et les employé-e-s sur le site d’origine de chaque matériau. Les enseignant-e-s ont voulu souligner que ces personnes ne pouvaient être dissociées de leur travail. Il était essentiel que les étudiant-e-s comprennent la dimension humaine derrière la production et l’approvisionnement de tous les éléments du décor. À partir de ces intentions, on peut imaginer le résultat du projet scénographique comme une forme améliorée de stockage qui va au-delà de la collecte de matériaux et réunit également des relations entre étudiant-e-s, fournisseur-euses, artisan-e-s, transporteurs-euses, architectes et les nombreuses autres personnes impliquées dans la mise en place de la scénographie d’Archipelago.

Enseignant-e-s des ateliers scénographiques

Emma-Julia Fuller, Romain Legros

Assistant-e-s

Alice Proux, Viviane Mentha, Sophie Coia, Sophie Herzog